samedi 10 avril 2010

NE NOUNOUS TROMPONS PAS

Ne nounous trompons pas

Les petits garçons élevés par des nounous deviendraient des hommes infidèles ? Allons bon… Voilà une nouvelle théorie sur l’éducation qui ne va pas faire plaisir aux mères qui travaillent ! Dans un essai sur les causes des comportements humains*, le psychiatre anglais Dennis Friedman explique que les garçons confiés à des mains féminines étrangères (pendant que leur méchante maman part au boulot pour s’amuser…) intériorisent le concept de « l’Autre Femme », engagée pour satisfaire leurs demandes. Devenus adultes, comme ils sont habitués depuis leur plus jeune âge à avoir en permanence deux femmes pour prendre soin d’eux, ils tournent forcément Tiger Woods et consorts. C’est l’histoire vieille comme le monde de la femme et la maîtresse, la maman et la putain, remise à la sauce psy moderne. On croit rêver. Et les petites filles ? Ce n’est pas mieux. Toujours selon Friedman, l’absence de la mère crée un vide qu’elles s’empressent de remplir, dès l’adolescence, par la drogue, l’alcool (ou par l’addiction aux hommes mariés élevés par des nounous… ?). Pas besoin d’être un fin limier pour deviner les conclusions de ce monsieur de 85 ans : les mères ne devraient pas travailler et, si elles le font – bêtement victimes d’incontournables contingences financières –, elles ne devraient pas reprendre leur job avant que le bébé ait 1 an. Sinon, c’est plié, le syndrome Don Juan les guette. Il faudrait peut-être faire des statistiques sur le nombre d’hommes mariés infidèles qui ont été élevés par leur mère. On aurait des surprises.

Bien sûr, le livre ne développe pas seulement cette idée. Mais c’est celle qui fait scandale en ce moment en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. On en avait déjà entendu de bien bonnes sur la responsabilité des mères (toutes coupables de tout !), mais les renvoyer aussi sec à la nursery (et, comme par hasard, sur fond de crise économique) de peur que le petit n’attrape, par leur faute, le virus A comme Adultère, ça, personne n’y avait encore jamais pensé. Bien joué. Les pères restent curieusement en retrait des observations de Friedman. Il n’y a que les mères qui comptent ! Notons que les trois précédents essais de l’auteur avaient pour sujet une tribu aux moeurs bien spécifiques, quoique réduite, avec son cortège de mères suroccupées et de nannies innombrables : la famille royale. Tu parles, Charles, d’un exemple.

* « An Unsolicited Gift. Why we do what we do » (éd. Arcadia Books).

Par Michèle Fitoussi